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de rien ; eh ! c’est tout simple ; cette chère fille a la modestie d’une bonne et tendre sœur pour son frère. À force de l’aimer… à force de s’assimiler à lui, quand on le loue, il lui semble qu’on la loue elle-même…

— Et comme elle est aussi modeste qu’excellente, ajouta Adrienne en prenant les mains de la Mayeux, la moindre louange, ou pour son frère adoptif ou pour elle, la trouble au point où nous la voyons ;… ce qui est un véritable enfantillage dont je veux la gronder bien fort.

Mademoiselle de Cardoville parlait de très-bonne foi ; l’explication donnée par Rodin lui semblant et étant en effet fort plausible.

Ainsi que toutes les personnes qui, redoutant à chaque minute de voir pénétrer leur douloureux secret, se rassurent aussi vite qu’elles s’effrayent, la Mayeux se persuada… eut besoin de se persuader, pour ne pas mourir de honte, que les dernières paroles de Rodin étaient sincères, et qu’il ne se doutait pas de l’amour qu’elle ressentait pour Agricol. Alors ses angoisses diminuèrent, et elle trouva quelques paroles à adresser à mademoiselle de Cardoville.

— Excusez-moi, mademoiselle, dit-elle timidement ; je suis si peu habituée à une bienveillance semblable à celle dont vous me com-