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successive du soldat, de son fils, puis du père du maréchal Simon… Leur indignation me dévoila l’étendue d’un complot tramé de longue main avec une effrayante habileté. Alors, je compris pourquoi l’on vous retenait ici en vous faisant passer pour folle ; alors je compris pourquoi les filles du maréchal Simon avaient été conduites au couvent. Alors enfin, mille souvenirs me revinrent à l’esprit ; des fragments de lettres, de mémoires, que l’on m’avait donnés à copier ou à chiffrer, et dont je ne m’étais pas jusque-là expliqué la signification, me mirent sur la voie de cette odieuse machination. Manifester, séance tenante, l’horreur subite que je ressentais pour ces indignités, c’était tout perdre ; je ne fis pas cette faute. Je luttai de ruse avec l’abbé d’Aigrigny ; je parus encore plus avide que lui. Cet immense héritage aurait dû m’appartenir que je ne me serais pas montré plus âpre, plus impitoyable à la curée. Grâce à ce stratagème, l’abbé d’Aigrigny ne se douta de rien : un hasard providentiel ayant sauvé cet héritage de ses mains, il quitta la maison dans une consternation profonde ; moi, dans une joie indicible, car j’avais le moyen de vous sauver, de vous venger, ma chère demoiselle. Hier soir, comme toujours, je me rendis à mon bureau. Pendant l’absence de