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au profit de qui cet abominable complot, qui, en effet, m’épouvante, était-il donc tramé ?

— Au profit de M. l’abbé d’Aigrigny ! répondit Rodin.

— Lui ! et comment ? de quel droit ? il n’était pas héritier ?

— Ce serait trop long à vous expliquer, ma chère demoiselle ; vous saurez tout un jour ; soyez seulement convaincue que votre famille n’avait pas d’ennemi plus acharné que l’abbé d’Aigrigny.

— Monsieur, dit Adrienne cédant à un dernier soupçon, je vais vous parler bien franchement. Comment ai-je pu mériter ou vous inspirer le vif intérêt que vous me témoignez, et que vous étendez même sur toutes les personnes de ma famille ?

— Mon Dieu, ma chère demoiselle, répondit Rodin en souriant, si je vous le dis… vous allez vous moquer de moi… ou ne pas me comprendre…

— Parlez, je vous en prie, monsieur. Ne doutez ni de moi ni de vous.

— Eh bien ! je me suis intéressé, dévoué à vous, parce que votre cœur est généreux, votre esprit élevé, votre caractère indépendant et fier… Une fois bien à vous, ma foi ! les vôtres, qui sont d’ailleurs aussi fort dignes d’intérêt,