Page:Sue - Le Juif errant - Tomes 5-6.djvu/292

Cette page a été validée par deux contributeurs.

dilate aux généreuses pensées, comme la poitrine se dilate à un air pur et salubre.

Rodin venait de faire si spontanément l’aveu de sa faute, il l’expliquait si naturellement, il en paraissait si sincèrement contrit, qu’Adrienne, dont les soupçons n’avaient pas d’ailleurs d’autres éléments, sentit sa défiance beaucoup diminuer.

— Ainsi, reprit-elle en examinant toujours Rodin, c’est à Cardoville que vous avez vu le prince Djalma ?

— Oui, mademoiselle, et de cette rapide entrevue date mon affection pour lui ; aussi je remplirai ma tâche jusqu’au bout ; soyez tranquille, ma chère demoiselle, pas plus que vous, pas plus que les filles du maréchal Simon, le prince ne sera victime de ce détestable complot, qui ne s’est malheureusement pas arrêté là.

— Et qui donc encore a-t-il menacé ?

— M. Hardy, homme rempli d’honneur et de probité, aussi votre parent, aussi intéressé dans cette succession, a été éloigné de Paris par une infâme trahison… Enfin, un dernier héritier, malheureux artisan, tombant dans un piège habilement tendu, a été jeté dans une prison pour dettes.

— Mais, monsieur, dit tout à coup Adrienne,