Page:Sue - Le Juif errant - Tomes 5-6.djvu/274

Cette page a été validée par deux contributeurs.

donné une autorité quelconque… mais, fort de ma conscience… je m’adresse à mademoiselle de Cardoville elle-même… et je la supplie de dire si ce matin encore je ne lui annonçais pas que sa santé serait bientôt dans un état assez satisfaisant pour qu’elle pût quitter cette maison. J’adjure mademoiselle, au nom de sa loyauté bien connue, de me répondre si tel n’a pas été mon langage, et si, en le tenant, je ne me trouvais pas seul avec elle, et si…

— Allons donc ! monsieur, dit Rodin en interrompant insolemment Baleinier ; supposez que cette chère demoiselle avoue cela par pure générosité, qu’est-ce que cela prouve en votre faveur ? Rien du tout…

— Comment ! monsieur…, s’écria le docteur, vous vous permettez…

— Je me permets de vous démasquer sans votre agrément ; c’est un inconvénient, il est vrai ; mais qu’est-ce que vous venez nous dire ? que seul avec mademoiselle de Cardoville vous lui avez parlé comme si elle était vraiment folle… Parbleu ! voilà qui est bien concluant !

— Mais, monsieur…, dit le docteur.

— Mais, monsieur, reprit Rodin sans le laisser continuer, il est évident que, dans la prévision de ce qui arrive aujourd’hui, afin de vous ménager une échappatoire, vous avez feint d’être