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grigny avait encore ordonné de redoubler de sévérité envers elle !…

Le jésuite de robe courte se persuada que Rodin trahissait d’une abominable façon le père d’Aigrigny, et que les amis de mademoiselle de Cardoville avaient corrompu et soudoyé ce misérable secrétaire ; aussi M. Baleinier, exaspéré par ce qu’il regardait comme une monstrueuse trahison, s’écria de nouveau avec indignation et d’une voix entrecoupée par la colère :

— Et c’est vous, monsieur… vous qui avez le front de m’accuser… vous… qui… il y a peu de jours encore…

Puis, réfléchissant qu’accuser Rodin de complicité, c’était s’accuser soi-même, il eut l’air de céder à une trop vive émotion, et reprit avec amertume :

— Ah ! monsieur, monsieur… vous êtes la dernière personne que j’aurais crue capable d’une si odieuse dénonciation… c’est honteux !…

— Et qui donc mieux que moi pouvait dénoncer cette indignité ? répondit Rodin d’un ton rude et cassant. N’étais-je pas en position d’apprendre… mais malheureusement trop tard, de quelle machination mademoiselle de Cardoville… et d’autres encore… étaient victimes ?… Alors, quel était mon devoir d’honnête homme ?