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les mit dans un petit sabot rempli de cendres qu’elle posa aussi dans le panier.

Remontant alors jusqu’à la dernière marche de son escalier, la mère Arsène dit à Rodin :

— Voici votre panier, monsieur.

— Mille remerciements, ma chère dame, répondit Rodin.

Et plongeant la main dans le gousset de son pantalon, il en tira huit sous qu’il remit un à un à la fruitière, et lui dit en emportant le panier :

— Tantôt, en redescendant de chez moi, je vous rendrai, comme d’habitude, votre panier.

— À votre service, mon brave monsieur, à votre service, dit la mère Arsène.

Rodin prit son parapluie sous son bras gauche, souleva de sa main droite le panier de la fruitière, entra dans l’allée obscure, traversa une petite cour, monta d’un pas allègre jusqu’au second étage d’un corps de logis fort délabré ; puis arrivé là, sortant une clef de sa poche, il ouvrit une première porte qu’ensuite il referma soigneusement sur lui.

La première des deux chambres qu’il occupait était complètement démeublée ; quant à la seconde, on ne saurait imaginer un réduit d’un aspect plus triste, plus misérable.

Un papier tellement éraillé, passé, déchiré, que l’on ne pouvait reconnaître sa nuance pri-