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mais ça leur est bien égal que les petites filles et les petits garçons soient pêle-mêle avec des jeunes filles et des jeunes gens de dix-huit à vingt ans… aussi pêle-mêle entre eux… Alors vous concevez… il y a là dedans comme partout des mauvais sujets ; ils ne se gênent ni en paroles ni en actions, et je vous demande quel exemple pour des enfants qui voient et qui entendent plus qu’ils n’en ont l’air. Alors, que voulez-vous ?… on s’habitue en grandissant à entendre et à voir tous les jours des choses qui plus tard ne vous effarouchent plus.

— C’est vrai, au moins, ce que vous dites là, mademoiselle Rose-Pompon ; pauvres enfants ! qui est-ce qui s’en occupe ? ni le père, ni la mère ; ils sont à leur tâche…

— Oui, oui, allez, mère Arsène, on a bien vite dit d’une jeune fille qui a mal tourné : « C’est une ci, c’est une ça ; » mais si l’on savait le pourquoi des choses, on la plaindrait plus qu’on ne la blâmerait… Enfin pour en revenir à moi, à quinze ans, j’étais très-gentille… Un jour, j’ai une réclamation à faire au premier commis de la fabrique. Je vais le trouver dans son cabinet ; il me dit qu’il me rendra justice, et que même il me protégera si je veux l’écouter, et il commence par vouloir m’embrasser… Je me débats… Alors il me dit : « Tu me refuses,