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— Dame ! c’est vrai, reprit la Mère Arsène, les animaux sont quelquefois plus heureux que les personnes ; mais que voulez-vous ? il faut vivre… Où la bête est attachée, faut qu’elle broute… mais c’était dur… J’ai gagné à cela une maladie de poumons, ce n’est pas ma faute ! Cette espèce de bricole dont j’étais attelée… en tirant, voyez-vous, ça me pressait tant et tant la poitrine que je ne pouvais pas respirer ;… aussi j’ai abandonné l’attelage et j’ai pris une boutique. C’est pour vous dire que si j’avais eu des occasions et de la gentillesse j’aurais peut-être été comme tant de jeunesses qui commencent par rire et finissent…

— Par tout le contraire, c’est vrai, mère Arsène ; mais aussi tout le monde n’aurait pas le courage de s’atteler pour rester sage… Alors on se fait une raison, on se dit qu’il faut s’amuser tant qu’on est jeune et gentille… et puis, qu’on n’a pas dix-sept ans tous les jours… eh bien ! après… après… la fin du monde… ou bien on se marie…

— Dites donc, mademoiselle, il aurait peut-être mieux valu commencer par là.

— Oui, mais on est trop bête, on ne sait pas

    remplies d’un touchant intérêt pour la race canine, qui interdisent l’attelage des chiens.