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dant, éclairé, type du grand manufacturier, amoureux du progrès et du bien-être des artisans !… Puis, c’est Gabriel, le bon prêtre, comme ils disent, l’apôtre de l’Évangile primitif, le représentant de la démocratie de l’Église contre l’aristocratie de l’Église, du pauvre curé de campagne contre le riche évêque, c’est-à-dire, dans leur jargon, le travailleur de la sainte vigne contre l’oisif despote, le propagateur-né de toutes les idées de fraternité, d’émancipation et de progrès… comme ils disent encore, et cela non pas au nom d’une politique révolutionnaire, incendiaire, mais au nom du Christ, au nom d’une religion toute de charité, d’amour et de paix… pour parler comme ils parlent. Après, vient Adrienne de Cardoville, le type de l’élégance, de la grâce, de la beauté ; la prêtresse de toutes les sensualités qu’elle prétend diviniser à force de les raffiner et de les cultiver. Je ne vous parle pas de son esprit, de son audace ; vous ne les connaissez que trop. Aussi rien ne peut nous être aussi dangereux que cette créature patricienne par le sang, peuple par le cœur, poëte par l’imagination. C’est enfin ce prince Djalma, chevaleresque, hardi, prêt à tout, parce qu’il ne sait rien de la vie civilisée, implacable dans sa haine, comme dans son affection, instrument terrible