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avait entendu sonner la pendule, s’ouvrit tout à coup.

Une femme apparut sur le seuil…

À sa vue Gabriel poussa un grand cri et resta foudroyé.

Samuel et Bethsabée tombèrent à genoux les mains jointes. Les deux Israélites se sentirent ranimés par une inexprimable espérance.

Tous les autres acteurs de cette scène restèrent frappés de stupeur…

Rodin… Rodin lui-même… recula de deux pas et replaça sur la table la cassette d’une main tremblante.

Quoiqu’il n’y eût rien que de très-naturel dans cet incident, une femme apparaissant sur le seuil d’une porte qu’elle vient d’ouvrir, il se fit un moment de silence profond, solennel.

Toutes les poitrines étaient oppressées, haletantes.

Tous enfin, à la vue de cette femme, éprouvaient une surprise mêlée d’une sourde frayeur, d’une angoisse indéfinissable… car cette femme semblait être le vivant original du portrait placé dans le salon depuis cent cinquante ans.

C’était la même coiffure, la même robe à plis un peu traînants, la même physionomie empreinte d’une tristesse poignante et résignée.