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ai raison de toute grandeur et de tout mépris. Lui qui aimait tant les corps, qui mettait si haut la beauté, l’élégance, les parfums, l’eau pure, tout ce qui lave et orne la chair, je l’ai dérobé dans son plus bel âge. Je ne l’ai pas laissé au temps, le maître modeleur qui façonne longuement les vieillards à la mort. Je m’acharne, maintenant, à détruire l’harmonie de sa jeunesse, à souiller sa fleur d’homme, à la corrompre dans sa nette intégrité. Voilà ce que je fais de ton bien aimé. Et ce que je suis, il l’est.

— Méchante, tu désespères mon courage ; tu ne lasses pas ma tendresse. Je vais jusqu’à ne pas te haïr, chose sans nom, pour ce que tu as de lui encore.

Que faire de plus ici ? Que ferai-je pour toi, chère victime ? La chose sans nom n’admet pas de délai ; je lui appartiens