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VI

L’évasion.


Le terme fixé pour notre évasion approchait, et, plus il approchait, plus la perspective de l’évasion nous inquiétait. Il n’y a qu’un seul coin du rocher d’Édimbourg par où l’on puisse sortir du château à la fois avec dignité et sécurité ; mais comme ce coin est celui de la grand’porte et du corps de garde, et comme il donne sur la principale rue de la haute ville, il n’y a pas à penser à lui pour une évasion de prisonniers. De tous les autres côtés, le château est entouré d’un précipice abominable : et c’était le long de ce précipice que nous devions descendre pour regagner notre liberté. Pendant bien des nuits sans lune, réunissant nos efforts et prenant mille précautions pour ne pas être entendus, nous avions travaillé à percer un passage près de l’angle du sud-ouest, à un endroit qu’on appelle le Coude-du-Diable. Je n’ai jamais rencontré cet illustre personnage ; mais à juger sa figure d’après son coude, j’ai perdu à jamais toute curiosité de le connaître. Depuis le bas de la maçonnerie, le rocher descendait à pic vers des terrains vagues, des faubourgs épars, des maisons en construction. Je ne pouvais regarder cette pente sans éprouver un vertige, et, si je persistais, une forte nausée. Qu’on juge par là de l’émotion que je ressentais à la pensée de devoir bientôt, par une nuit toute noire, me glisser moi-même le long de cette descente à pic ! Je ne sais point où nous nous étions