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équipage de retourner dans leur patrie sur leur propre bateau, moyennant leur parole d’honneur de revenir dans le port de Boston avec un nombre égal de prisonniers américains rendus par l’Angleterre. Votre père jura sur la Bible de tenir sa parole et la Lady Népean put s’en retourner librement, avec un officier américain à son bord. Et maintenant, monsieur, de quelle façon votre maudit gouvernement a-t-il récompensé cette noble confiance ? D’une façon, monsieur, qui aurait fait rougir le plus vil portefaix de notre libre Amérique ! Votre tyran et ses myrmidons ont refusé de confirmer la promesse donnée par votre père ; ils ont déclaré que rien ne les ferait consentir à rendre des prisonniers : et l’officier américain est revenu seul dans sa patrie. Après quoi, sans doute, votre père aura reçu l’ordre de reprendre sa charge ! Mais il vous reste encore, M. Colenso, à m’expliquer comment ce parjure a eu l’impudence de revenir à deux cents milles d’une côte où son nom était abhorré ?

— Mon père revenait, monsieur !

— Hein ?

— Il revenait à Boston, monsieur ! Mon père n’était pas riche, mais il avait fait quelques économies. Contrairement à ce que vous avez supposé, il n’a pas voulu reprendre son service. Sa parole donnée lui restait sur le cœur. Nous aimions tous beaucoup notre père ; nous ne formions qu’une seule famille, pour ainsi dire, bien que quelques-uns d’entre nous fussent mariés et installés dans des fermes, au fond de l’Écosse.

— Tout cela ne m’explique point ce que vous veniez faire ici ?

— Mais, monsieur, nous revenions à Boston ! Le brig ne valait plus grand’chose, après les dernières rencontres. Nous pûmes le racheter pour onze cents livres, avec les canons ; les réparations nous ont bien coûté encore une centaine de livres ; au reste, tout cela est porté sur les registres que vous trouverez dans cette armoire. »

Le capitaine Seccombe, qui avait mis ses pieds sur la