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dont la forme et les dimensions me suggérèrent le souvenir du Génie échappé de la bouteille du Pêcheur, tel que l’a décrit M. Galland dans ses ingénieuses Mille et une Nuits. C’etait le ballon de Byfield, le « monstre » Lunardi, en voie de gonflement.

« Que le diable emporte Byfield ! maugréai-je.

— Qui est Byfield ? »

Mais je n’eus pas le temps de répondre. Tout à coup Flora poussa un cri d’angoisse et, au tournant du sentier, derrière nous, nous aperçûmes Ronald et le major Chevenix.

Ronald s’avança, et, sans paraître remarquer mon salut, posa une main sur l’épaule de Flora :

« Vous allez rentrer tout de suite avec nous ! s’écria-t-il. »

Je le touchai moi-même à l’épaule

« Rien ne presse ! répondis-je. Le ballon va partir dans quelques minutes ! »

Il se retourna vers moi, furieux :

« Pour l’amour du ciel, Saint-Yves, ne me forcez pas à une querelle en ce moment ! N’avez-vous pas assez compromis ma sœur ?

— C’est vous qui insultez votre sœur devant moi, monsieur, profitant de ce que le hasard vous envoie un major d’occasion pour vous soutenir !

— Le major Chevenix est un ami de la famille ! murmura Ronald en rougissant beaucoup.

— Pardon, messieurs ! s’entremit alors Chevenix en s’avançant vers nous. Comme vient de dire Ronald, le moment serait mal choisi pour une querelle ; et, au contraire de ce que vous avez dit, vous monsieur, le temps presse beaucoup ! Un inspecteur de Bow Street et ses agents sont à votre poursuite, dans ces environs. Nous les avons vus gravir la colline, en compagnie de votre cousin, avec qui j’ai eu l’honneur de faire connaissance hier. Heureusement la laitière nous a dit que miss Gilchrist était venue de ce côté ; nous avons supposé que la carrière était