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et le divertissait en lui commentant les passages les plus sévères du Livre des Proverbes.

Les yeux de Rowley s’illuminèrent dès qu’il m’aperçut. Mais, sans attendre les compliments qu’il s’apprêtait à me faire sur ma belle tenue, c’est à Mme Mac Rankine que je m’adressai.

« S’il vous plaît, madame, dis-je, parlons affaires ! D’abord, veuillez me donner ma quittance pour notre logement et notre pension !

— Je ne fais mes quittances que le samedi !

— Eh bien ! dis-je, attendez jusqu’à samedi, et, quand vous aurez fait mon compte, déduisez-le de ceci ! »

Je lui remis vingt-cinq guinées.

« Le surplus, ajoutai-je, servira pour l’entretien de Rowley, en attendant qu’il puisse toucher l’argent qu’il a en banque, ce qui ne saurait tarder.

— Vous allez revenir cette nuit, n’est-ce pas, monsieur Anne ? s’écria Rowley.

— Je crains bien d’en être empêché, mon garçon ! Mais, surtout, n’oubliez pas que vous m’avez promis de m’obéir ! (Car je le voyais s’apprêtant à sauter de son lit pour me suivre.) Vous me servirez mieux en restant à Édimbourg. Et, d’ici une semaine, si vous n’entendez pas parler de moi, vous vous présenterez de ma part à Me Robbie, avoué, dans Castle Street. Je ferai en sorte qu’il soit prévenu. »

Je confiai une dernière fois le digne jeune homme aux soins maternels de Mme Mac Rankine ; et, équipé d’une paire de galoches qui avaient jadis appartenu à feu Mac Rankine, je me mis en chemin, sur un pavé tout balayé de pluie.

Je lus, sur la carte d’invitation, que le bal avait lieu à Buccleuch Place, dans une rue voisine de George Square. Je trouvai là une foule, horriblement mouillée, réunie autour d’un couple de lanternes et d’un pavillon de toile tout ravagé, sous lequel une longue raie de lumière tombait sur l’étang du pavé. Les invités arrivaient déjà en grand