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VI

L’université de Cramond.


Je dormis à peine, cette nuit-là ; et, le matin suivant, j’eus grand’peine à me lever de mon lit. Je me sentais abattu, découragé, effrayé. De quelque côté que se tournât ma pensée, je ne voyais que des causes de souci. Dans un élan d’amour, et peut-être aussi d’ostentation, que je me reprochais amèrement à cette heure, j’avais remis à Flora presque tout mon argent ; après quoi, dans un véritable accès de folie, j’étais allé déposer le reste de ma fortune chez un banquier de George Street. Or, voici que maintenant Chevenix et Ronald montaient la garde autour de Flora, voici qu’un agent de police surveillait les abords de la banque de George Street ; et moi, d’autre part, j’étais dans la nécessité absolue de reprendre mon argent, à la banque ou chez Flora ! Mais où pourrais-je le reprendre ? et comment ?

Je réfléchissais à tout cela en me retournant dans mon lit. J’apercevais trois hypothèses possibles. En premier lieu, Rowley pouvait s’être trompé ; la banque pouvait ne pas être surveillée ; et je pouvais espérer d’y reprendre mon argent. En second lieu, je pouvais de nouveau recourir aux bons offices de Robbie. Ou bien enfin, troisième hypothèse, je pouvais tout risquer, me rendre au bal le lendemain soir, et m’entretenir avec Flora sous les yeux de la ville entière. Cette dernière hypothèse, avec le péril qu’elle impliquait et avec l’inconvénient du délai de