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à vous comme à moi de faire une scène dans le salon de notre hôte ; j’ai donc jugé nécessaire de me montrer à vous tout de suite, et de vous avertir. Je vous préviens également, pour le cas d’un accident, que mon nom se trouve être aujourd’hui M. Ducie.

— Je… je… Vraiment,… balbutia Ronald. Par tous les diables, qu’est-ce que vous faites ici ?

— Chut ! chut ! répondis-je. Pas ici, mon cher ami, pas maintenant ! Venez plutôt me voir dans ma chambre, demain matin, et nous causerons de tout cela en fumant un cigare. Mais ici, voyez-vous, une explication serait vraiment déplacée ! »

Avant qu’il pût recueillir ses esprits pour me répondre, je lui avais donné mon adresse dans Saint-James’s Square, et m’étais de nouveau perdu dans la foule. Mais, hélas ! ce n’était point chose facile, désormais, de rejoindre Flora ! M. Robbie, d’abord, se trouva sur mon chemin. Il était d’une loquacité insatiable. Et, tandis qu’il continuait à bavarder, je voyais une nuée d’insipides jeunes gens se reformer peu à peu autour de ma chérie. Maudissant mon hôte et ma destinée, j’errais parmi la foule, lorsque je vis entrer mon ami le major, raide comme un bâton, et, à son ordinaire, odieusement propre.

« Oh ! dis-je à M. Robbie, voici quelqu’un dont je désire faire la connaissance ! Voudriez-vous me présenter au major Chevenix ?

— Bien volontiers, dit Robbie. Puis, s’adressant à Chevenix, de loin, par-dessus un flot de têtes :

— Major, cria-t-il, venez vite et laissez-moi vous présenter à mon ami M. Ducie, qui sollicite l’honneur de votre connaissance ! »

Le major rougit très vivement, mais, pour le reste, conserva son sang-froid. Il s’inclina devant moi.

« Je me trompe, peut-être, dit-il, mais j’ai l’idée que nous nous sommes déjà rencontrés ?

— Oui, mais d’une façon irrégulière, répondis-je en lui rendant son salut ; et depuis longtemps je souhaitais de re-