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XII

Le chariot couvert.


D’étape en étape, j’étais enfin parvenu dans le voisinage de Wakefield ; et le nom de cette ville m’avait remis en mémoire celui de M. Burchell Fenn. Ainsi s’appelait, peut-être ne l’a-t-on pas oublié, le personnage dont m’avait parlé M. Romaine comme faisant métier de faciliter l’évasion des prisonniers français. Mais comment il y procédait, s’il avait une enseigne : Facilités d’Évasions, s’adresser au bureau ; ce qu’il prenait en échange de ses services, ou bien s’ils étaient gratuits et de pure charité, de tout cela j’étais à la fois absolument ignorant et extrêmement curieux. Grâce à ma connaissance de l’anglais et aux banknotes de M. Romaine, je m’étais, jusque-là, fort bien tiré d’affaire sans l’aide de personne ; mais je n’étais pas encore arrivé à destination, et je me demandais si le notaire n’avait pas eu quelque motif secret pour me recommander de recourir aux bons offices de ce Burchell Fenn. Malheureusement je ne savais rien de lui, s’il demeurait en ville ou dans la campagne, s’il était riche ou pauvre, ni de quelle manière je devais l’aborder. J’aurais eu très mauvaise apparence à faire des questions, tout le long de mon chemin, sur un homme dont je ne connaissais rien d’avouable, sauf son nom. Et quelle singulière figure je ferais, en vérité, si, me présentant à sa porte, j’y trouvais la police en pleine occupation ! N’importe, le mystère de la chose me tentait. Je