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un verre ou deux de champagne, le colonel leur remit à chacun un revolver chargé. Tous trois montèrent ensuite dans le cab et partirent pour l’endroit en question.

Rochester-House était une magnifique résidence sur les bords du canal ; la vaste étendue des jardins l’isolait d’une façon exceptionnelle de tout ennui de voisinage ; on eût dit le Parc aux Cerfs de quelque grand seigneur ou de quelque millionnaire. Autant qu’on pouvait en juger de la rue, aucune lumière ne brillait aux fenêtres de la maison, qui avait un aspect délaissé comme si le maître en eût été depuis longtemps absent.

Le cab fut congédié et les trois compagnons ne tardèrent pas à découvrir la petite porte, une sorte de poterne plutôt, ouvrant sur un sentier entre deux murs de jardin. Il s’en fallait encore de dix ou quinze minutes que l’heure fixée ne sonnât. La pluie tombait lentement et nos aventuriers, à l’abri sous un grand lierre, parlaient à voix basse de l’épreuve si proche. Soudain Geraldine leva le doigt pour imposer silence, et tous trois écoutèrent avec attention. Au milieu du bruit continu de la pluie, on distinguait de l’autre côté du mur le pas et la voix de deux hommes. Comme ils approchaient, Brackenbury, dont