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peut plus faire ni bien ni mal. Commandez à vos nerfs. »

Et, voyant que Silas hésitait de plus belle :

« Je voudrais, cependant, ne pas être obligé de donner un autre nom à ma requête », ajouta-t-il.

Le jeune Américain se réveilla comme d’un rêve et, avec un frisson d’horreur, se mit à ouvrir la serrure de sa malle. Le prince se tenait auprès de lui, le surveillant d’un air calme, les mains derrière le dos. Le corps était complètement raidi et il fallut à Silas un grand effort, à la fois physique et moral, pour le déloger de sa position et découvrir le visage.

Aussitôt Florizel recula, en jetant une exclamation de douloureuse surprise.

« Hélas ! s’écria-t-il, vous ne savez pas quel présent cruel vous m’apportez. Ceci est un jeune homme de ma propre suite, le frère de mon plus fidèle ami ; et c’est dans une affaire relevant de mon service qu’il a péri par les mains de malfaiteurs infâmes. Pauvre Geraldine, continua-t-il, comme s’il se fût parlé à lui-même, dans quels termes vous apprendrai-je le sort de votre frère ? Comment pourrai-je m’excuser à vos yeux et aux yeux de Dieu des projets présomptueux qui l’ont mené à cette mort sanglante et préma-