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LE ROMAN DU PRINCE OTHON

dignité tout autant qu’à la mienne de bredouiller de telles excuses, de trébucher peut-être aussi sur des mensonges. Rassemblez vos idées ; et, cela fait, rapportez-moi catégoriquement tout ce que vous avez été chargé de me céler.

Gotthold, courbé sur son pupitre, paraissait avoir repris son travail ; mais une gaieté souterraine lui secouait les épaules. Le prince attendit, tirant tranquillement son mouchoir entre ses doigts.

— Votre Altesse, dit enfin le vieux gentilhomme, de cette façon irrégulière, et forcément privé de tout document, il me serait difficile, il me serait impossible de rendre justice aux événements assez graves qui sont parvenus à notre connaissance.

— Je ne critiquerai pas votre attitude, répliqua le prince. Je désire qu’entre vous et moi tout se passe à l’amiable, car je n’ai pas oublié, mon vieil ami, que vous avez été, dès le commencement, toujours bon pour moi, et pendant un certain nombre d’années, un serviteur fidèle. Je laisserai donc de côté les affaires sur lesquelles vous désirez que je ne fasse pas une enquête immédiate. Mais vous avez là, en ce moment même, certains documents entre les mains. Voyons, monsieur Greisengesang, voici du moins un point sur lequel vous possédez toutes les autorités nécessaires. Éclairez-moi là-dessus.

— Là-dessus ! s’écria le vieillard. Oh ! ceci n’est qu’une bagatelle… une affaire de police, Votre Altesse, un détail d’ordre purement administratif. Ceci n’est, tout simplement, qu’un choix de papiers saisis sur la personne du voyageur anglais.