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LE ROMAN DU PRINCE OTHON

ma réponse. Je demande ce que vous aviez à vous dire tous les deux. Elle prétend qu’elle a promis de n’en point parler, mais moi je veux le savoir. La politesse, c’est bien, mais on ne m’en fait pas accroire. J’ai droit à la justice, quoique je ne sois que l’amoureux.

— Demandez à M. Gottesheim, répliqua Othon, et vous apprendrez que je n’ai pas perdu mon temps. Depuis mon lever ce matin, j’ai convenu d’acheter la ferme ; je veux bien satisfaire une curiosité que je trouve déplacée.

— Oh alors ! répondit Fritz, s’il était question d’affaires, c’est différent. Tout de même je ne comprends guère pourquoi on ne voulait pas me le laisser savoir. Mais si le gentilhomme va acheter la ferme, il n’y a, autrement, plus rien à dire, je suppose ?

— Naturellement, fit M. Gottesheim, avec un accent de conviction profonde.

— Mais Ottilie fit preuve de plus de courage : — Là, tu vois bien ! s’écria-t-elle. Que te disais-je tout le temps ? Je te répétais que ce que je faisais c’était pour ton bien. Tu vois maintenant ! N’as-tu pas honte de ton caractère méfiant ? Ne devrais-tu pas te mettre à deux genoux devant ce gentilhomme… et devant moi ?