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HEUREUSE INFORTUNE

qui vient de trouver le mot d’un mystère, ma parole, cela me rappelle les vers de Robbie Burns !

Tout cependant a une fin ; Othon finit par se retrouver aux côtés de madame de Rosen, marchant le long de la muraille de montagnes, pendant que le domestique suivait avec les deux chevaux. Autour d’eux, la lumière et la brise, le vol libre des oiseaux, les grands espaces du ciel et la vue immense ; tout près, les broussailles et les rochers hardis, le son et la voix des torrents ; au loin, l’émeraude de la plaine qui se fondait dans le saphir de l’horizon.

D’abord ils marchèrent en silence, car bien qu’il tâchât de temps en temps de se préparer à son entrevue avec Gondremark, l’esprit d’Othon était rempli des délices de la liberté et de la nature. Mais aussitôt qu’ils eurent contourné le premier promontoire escarpé, et que le Felsenburg eut disparu derrière la masse rocheuse, la dame s’arrêta.

— Ici, dit-elle, nous allons faire mettre pied à terre à ce pauvre Carl, et vous et moi nous allons piquer des deux. J’adore une course folle avec un bon compagnon.

Comme elle disait ces mots, juste au-dessous d’eux, au tournant de la route en lacet, apparut une berline de voyage qui s’avançait lourdement sur ses roues grinçantes : un peu à l’avance marchait un voyageur, posément, tranquillement, un carnet à la main.

— C’est Sir John ! s’écria Othon. Et il l’appela. Aussitôt le baronnet remit son carnet dans sa poche, et regarda à travers un lorgnon. Puis il fit un signal de sa canne, et alors, lui de son côté et