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CHAPITRE II

OÙ IL EST TRAITÉ D’UNE VERTU CHRÉTIENNE


Montant dans sa prison roulante, Othon y trouva, blotti dans un coin, un second occupant. La lampe ne donnait pas à l’intérieur, et d’ailleurs ce personnage baissait le nez : le prince ne put donc distinguer en lui qu’une simple silhouette d’homme.

Le colonel suivit son prisonnier, la portière claqua, et incontinent les quatre chevaux partirent au grand trot.

Au bout d’un certain temps le colonel rompit le silence : — Messieurs, dit-il, autant eût valu rester chez soi, que de voyager ainsi sans causer.

Le rôle que je joue vous paraît sans doute moins qu’aimable ; mais, d’autre part, vous avez en moi un homme de goût, quelque peu lettré aussi, et dont la conversation, je me flatte, n’est point sans un certain fond de solidité instructive. Condamné éternellement au corps de garde, ceci est pour moi une belle occasion : de grâce, messieurs, ne me la gâtez pas. J’emporte la fine fleur de la cour… moins le beau sexe, il est vrai :