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LE ROMAN DU PRINCE OTHON

eux, et eux de leur côté, du haut de leurs petits perchoirs dans les claires-voies de la cathédrale forestière, examinaient du coin de l’œil la princesse en guenilles qui, voltigeait ainsi au-dessous d’eux, sur le tapis de mousse et de gazon.

Elle se fut bientôt frayé un passage jusqu’au sommet d’une certaine colline, et put voir au loin devant elle l’inondation silencieuse du jour qui s’avançait de l’Est, envahissante et blanche. L’obscurité tremblait devant l’invasion, et se résolvait en lumière ; une à une, comme les lampes dans les rues d’une cité humaine, les étoiles s’éteignaient. La blancheur devenait argent brillant, l’argent s’échauffait et devenait or, l’or s’allumait et devenait une flamme pure et vivante, et alors le front de l’Orient se barra d’écarlate prismatique. Le jour avait commencé à respirer, respiration profonde, ferme et froide ; au loin, des lieues alentour, les bois poussaient un soupir et frissonnaient. Puis, d’un seul bond, le soleil monta à la surface. Avec un tressaillement, les yeux de Séraphine reçurent les premières flèches du jour, et se baissèrent sous le choc. De tous côtés les ombres s’élancèrent de leurs embûches et s’étendirent au ras de terre. Le jour était là, nu, éclatant ; et sur la pente raide et déserte de l’Orient le soleil, vainqueur de tous ses rivaux, continuait à monter, lentement, royalement.

Pour un instant Séraphine, adossée à un sapin, se sentit faiblir, raillée par le bonheur bruyant des bois. L’asile de la nuit, les transformations joyeuses et émouvantes de l’aurore, tout cela était passé, et maintenant, sous l’œil brillant du jour,