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CHAPITRE I

LA PRINCESSE CENDRILLON


Attiré par le tumulte croissant, le portier avait disparu de l’entrée dérobée : la porte demeurait ouverte à la nuit sombre. Pendant que Séraphine s’enfuyait par les terrasses, les clameurs et le piétinement de la populace se rapprochaient du palais condamné. C’était comme une charge de cavalerie. Plus clair que les autres tintait le bruit des lampes brisées ; et par-dessus toute cette rumeur elle pouvait entendre son nom passant de bouche en bouche parmi les braillards. Un clairon sonna à la porte du corps de garde, un coup de feu partit ; puis, avec mille hurlements, le palais fut enlevé d’assaut.

Pressée par ces bruits et ces voix sinistres, la princesse remonta le long jardin comme un oiseau, effleurant à peine les marches des escaliers à la lueur des étoiles, traversa le parc, qui à cet endroit se resserrait, et, à l’extrémité la plus éloignée, pénétra dans le rude asile de la forêt. C’est ainsi que, d’un bond, elle quitta la lumière joyeuse des soirées princières, et ce saut pour