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LE ROMAN DU PRINCE OTHON

n’avez pas eu la patience ou la science nécessaire pour concevoir vous-même. Oh ! c’est insupportable ! Ayez quelque modestie, Monsieur ! Ne présumez pas trop de ce rang qu’il vous est impossible de maintenir dignement. À votre place, moi, je ne lancerais pas mes ordres avec tant d’assurance… Il ne tient guère à vos propres mérites qu’on les exécute. Qu’êtes-vous ? Qu’avez-vous à faire en ce grave conseil ? Allez, s’écria-t-elle, allez, avec vos égaux !… Le peuple même de la rue se rit d’un pareil prince !

À cette étonnante sortie, tout le Conseil demeura stupéfié.

— Madame, dit le baron, à qui l’inquiétude fit perdre sa prudence habituelle, maîtrisez-vous !…

— Adressez-vous à moi ! s’écria le prince. Je ne souffrirai pas ces chuchotements.

Séraphine fondit en larmes.

— Monsieur, cria le baron en se levant, la princesse…

— Baron de Gondremark, dit le prince, encore un mot, et je vous fais arrêter !

— Votre Altesse, vous êtes le maître, répliqua Gondremark en saluant.

— Tâchez de vous en souvenir plus constamment ! dit Othon. Monsieur le Chancelier, apportez tous ces papiers dans mon cabinet ! Messieurs, le Conseil est dissous.

Là-dessus Othon salua et sortit, suivi de Greisengesang et des secrétaires, au moment même où les dames d’honneur de la princesse, appelées en toute hâte, entraient par une autre porte pour la reconduire chez elle.