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XVI
LE ROMAN DU PRINCE OTHON

moment même, pendant que vous lisez ces lignes ; la pauvre dame, infortunée épouse d’un écrivain ; le petit garçon chinois, qui probablement est à cette heure-ci en train d’amorcer sa ligne au bord de quelque rivière de la Terre Fleurie ; et plus particulièrement il vous rappellera l’Écossais qui alors, en toute apparence, s’en allait mourant, et que vos bons soins ont tant contribué à ranimer et à maintenir sur la bonne voie.

Vous vous souvenez sans doute qu’il était plein d’ambitions, cet Écossais, plein de desseins pour l’avenir : aussitôt qu’il aurait complètement recouvré la santé, vous vous rappelez la fortune qu’il devait gagner, les voyages qu’il devait entreprendre, les plaisirs dont il devait jouir lui-même et faire part à son prochain, et (entre autres choses) le chef-d’œuvre qu’il allait faire du Prince Othon !

Eh bien, nous autres Écossais, nous ne consentons jamais à nous tenir pour battus. Nous lûmes ensemble, en ce temps-là, l’histoire de Braddock, où il est raconté comment, alors qu’on l’emportait mourant, du théâtre de sa défaite, il se promettait de mieux réussir la prochaine fois, histoire qui toujours touchera un cœur vaillant, derniers mots dignes d’un capitaine plus fortuné !