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LE ROMAN DU PRINCE OTHON

de son amour, mais lui, de son côté, n’en faisait-il pas un aussi peut-être de sa vanité ? L’insolence de sa mimique tout à l’heure, et l’odieux de sa position à elle en y ayant assisté, lui pesaient lourdement sur la conscience. Elle reçut Othon presque comme une coupable. Et cependant il fut le bienvenu, car sa présence la délivrait d’un vilain entourage.

Malheureusement, les roues d’une entrevue sont à la merci de mille ornières. À l’entrée même du prince, le premier cahot se fit ressentir. Il vit que Gondremark était sorti, mais sa chaise était encore là, rapprochée pour la consultation ; il lui fut pénible de remarquer que non seulement cet homme avait été reçu en pareil secret, mais encore qu’il s’était retiré de la même façon. Luttant contre cette émotion, ce fut avec une certaine aspérité qu’il congédia le domestique qui l’avait introduit.

— Vous faites chez moi comme chez vous, dit-elle, un peu piquée par le ton de commandement qu’il avait pris, et par le regard qu’il avait jeté sur la chaise.

— Madame, dit Othon, je viens ici si rarement, que j’ai presque les droits d’un étranger.

— C’est vous, dit-elle, qui choisissez vos compagnons, Frédéric.

— Je suis ici pour causer de cela, répondit-il. Voilà maintenant quatre ans que nous sommes mariés ; et ces quatre, années, Séraphine, n’ont peut-être pas été plus heureuses pour vous que pour moi. Je sais bien que je n’étais pas fait pour être votre époux. Je n’étais pas jeune, je n’avais