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CHAPITRE III

LE PRINCE ET LE VOYAGEUR ANGLAIS


Othon lut avec une indignation croissante, et, quand il en arriva là, sa fureur déborda. Il jeta le rouleau sur la table et se leva : — Cet homme, dit-il, est un démon. Imagination sordide, oreille avide de méchancetés, malice lourde en pensée comme en parole : je m’abaisse à son niveau rien qu’en le lisant. Chancelier, où a-t-on logé ce misérable ?

— Il a été renfermé à la tour au drapeau, répondit Greisengesang, dans l’appartement Gemiani.

— Conduisez-moi chez lui, dit le prince. Puis, frappé d’une idée : — Était-ce pour cela, demanda-t-il, que j’ai trouvé toutes ces sentinelles dans le jardin ?

— Votre Altesse… j’ignore, répondit Greisengesang, fidèle à son système. La distribution des gardes ne relève pas de mes fonctions.

Othon se retourna vers le vieillard avec colère : mais avant qu’il pût parler Gotthold lui toucha le bras, et, par un grand effort, le prince ravala son courroux. — C’est bien, fit-il en prenant le rouleau ; suivez-moi à la tour au drapeau.