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XIII

LES TRIBULATIONS DE MAURICE


(Seconde partie)


Si notre littérature avait conservé ses vieilles traditions de réserve et de politesse classiques, je ne dégraderais pas ma dignité d’écrivain jusqu’à vous décrire les angoisses de Maurice ; c’est là un de ces sujets que l’intensité même de leur réalisme devrait faire exclure d’une œuvre d’art un peu digne de ce nom. Mais le goût est aujourd’hui aux sujets de ce genre : le lecteur aime à être introduit dans les recoins les plus secrets de l’âme d’un héros de roman, et rien ne lui plaît autant que le spectacle d’un cœur tout sanglant, étalé devant lui dans sa nudité. Encore cette considération ne suffirait-elle pas à me décider si le repoussant sujet que je vais traiter n’avait, en outre, l’avantage d’une éminente portée moralisatrice. Puisse mon récit empêcher ne fût-ce qu’un