Page:Stevenson - Le Mort vivant.djvu/228

Cette page a été validée par deux contributeurs.

avec elle ! Et c’était pour une jeune fille comme celle-là qu’un homme comme lui, Gédéon… « Honte à toi, cœur viril ! »

Il fut interrompu dans ses songeries par un bruit qui, aussitôt, le décida à se cacher derrière la porte. Miss Hazeltine, sans se préoccuper de la défense du propriétaire, venait de grimper à bord de son pavillon. Son projet d’aquarelle lui tenait au cœur ; et comme, à en juger par le silence du pavillon, elle supposait que Jimson n’était pas encore arrivé, elle résolut de profiter de l’occasion pour achever l’œuvre d’art commencée la veille. Et elle s’assit sur le balcon, installa son album et sa boîte de couleurs, et bientôt Gédéon l’entendit chantant sur son travail. De temps à autre, seulement, sa chanson s’interrompait. C’était quand Julia ne retrouvait plus, dans sa mémoire, quelqu’une de ces aimables petites recettes qui servent à la pratique du jeu de l’aquarelle, ou du moins qui y servaient dans notre bon vieux temps ; car on m’a dit que les jeunes filles d’à présent se sont émancipées de ces recettes où dix générations de leurs mères et grand-mères s’étaient fidèlement soumises ; mais Julia, qui probablement avait étudié sous Pitman, était encore de la vieille école.

Gédéon, pendant tout ce temps, se tenait der-