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en songeant qu’il allait avoir à se servir du pavillon pour un usage infiniment plus sérieux.

Jimson, personnage de la mise la plus banale, mais de manières particulièrement insinuantes, n’eut pas de peine à obtenir que le propriétaire du pavillon le lui louât pour une durée d’un mois. Le prix du loyer, d’ailleurs insignifiant, fut convenu aussitôt, la clef fut échangée contre une petite avance d’argent, et Jimson se hâta de revenir à Londres, pour s’occuper du transport du piano.

— Je serai de retour demain matin, sans faute ! déclara-t-il au propriétaire. On attend mon opéra avec tant d’impatience, voyez-vous ? que je n’ai pas une minute à perdre pour le terminer !

Et, en effet, vers une heure de l’après-midi, le lendemain, vous auriez pu voir Jimson cheminant sur la route qui longe le fleuve, entre Padwick et Haverham. Dans une de ses mains il tenait un panier, renfermant des provisions ; dans l’autre, une petite valise où se trouvait sans doute la partition inachevée. On était au début d’octobre ; le ciel, d’un gris de pierre, était parsemé d’alouettes, la Tamise brillait faiblement comme un miroir de plomb, et les feuilles jaunes des marronniers craquaient sous les pieds du compositeur. Il n’y a point de saison, en Angleterre, qui