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abus pourraient exister ? Votre intelligence, si simple et inculte qu’elle soit, suffit à vous affirmer le contraire. L’Autriche elle-même, qui pourtant ne se pique pas d’être un peuple libre, commence à se soulever contre l’incurie qui laisse subsister des abus de ce genre. J’ai précisément là une coupure d’un journal de Vienne, sur ce sujet : je vais essayer de vous la lire, en vous la traduisant au fur et à mesure. Vous pouvez vous rendre compte par vous-mêmes : c’est imprimé en caractères allemands !

Et il tendait à son auditoire le morceau de journal en question, comme un prestidigitateur fait passer dans la salle l’orange qu’il s’apprête à escamoter.

— Holà ! mon vieux, c’est vous ? dit tout à coup Michel, en posant sa main sur l’épaule de l’orateur.

Celui-ci tourna vers lui un visage tout convulsé d’épouvante : c’était le visage de M. Joseph Finsbury.

— Michel ! s’écria-t-il. Vous êtes seul ?

— Mais oui ! répondit Michel, après avoir commandé son verre d’eau-de-vie. Je suis seul. Qui donc attendiez-vous ?

— Je pensais à Maurice ou à Jean, répondit le vieillard, manifestement soulagé d’un grand poids.