Page:Stevenson - Le Mort vivant.djvu/158

Cette page a été validée par deux contributeurs.

quelque chose si nous étions tous deux avec des lunettes !

— Soit ! admit le bon Pitman. J’avais un peu compté sur ces lunettes : mais, naturellement, puisque vous insistez ! Et voici un camion devant la porte !

Pendant tout le temps que dura l’enlèvement du piano, Michel se tint caché dans le cabinet. Puis, dès que l’instrument fut parti, les deux amis sortirent par la porte principale de la maison, sautèrent dans un fiacre, et ne tardèrent pas à rouler vers le centre de la ville. La journée restait froide et aigre ; mais, malgré la pluie et le vent, Michel refusa de fermer les vitres de la voiture. Il avait tout à coup imaginé d’assumer le rôle d’un cicérone et, sur son passage, désignait et commentait à Pitman les curiosités de Londres !

— Ma parole, mon cher ami, disait-il vous me paraissez ne rien connaître de votre ville natale ! Que penseriez-vous d’une visite à la Tour de Londres ? Non ? Au fait, cela nous écarterait peut-être un peu trop. Mais, du moins… Hé, cocher, faites le tour par Trafalgar Square !

J’aurais peine à vous donner une idée de ce que souffrit Pitman, dans ce fiacre. Le froid, l’humidité, l’épouvante, une méfiance croissante à l’égard du chef sous les ordres duquel il s’était