Page:Stevenson - Le Mort vivant.djvu/118

Cette page a été validée par deux contributeurs.

du matin, se laissa tomber sur son lit, sans avoir même la force de se dévêtir. Ses bras et ses épaules lui faisaient affreusement mal ; les paumes de ses mains brûlaient ; ses jambes refusaient de se plier. Et longtemps Morphée tarda à venir visiter le jeune héros ; et, au premier rayon de l’aube, déjà Morphée de nouveau l’avait fui.

La matinée s’annonçait lamentablement. Un vilain vent d’est hurlait dans la rue ; à tout moment les fenêtres vibraient sous des douches de pluie, et Maurice, en s’habillant, sentait des courants d’air glacé lui frôler les jambes.

« Tout de même, se dit-il avec une amère tristesse, tout de même, étant donné ce que j’ai déjà à supporter, j’aurais au moins le droit d’avoir du beau temps ! »

Il n’y avait pas de pain dans la maison ; car miss Hazeltine (comme toutes les femmes, quand elles vivent seules) ne s’était nourrie que de gâteaux. Mais Maurice finit par découvrir une tranche de biscuit qui, assaisonnée d’un grand verre d’eau, lui constitua un semblant de déjeuner ; après quoi, il se mit résolument à l’ouvrage.

Rien n’est plus curieux que le mystère des signatures humaines. Que vous signiez votre nom avant ou après vos repas, pendant une indigestion ou en état de faim, pendant que vous trem-