Page:Stevenson - Le Mort vivant.djvu/116

Cette page a été validée par deux contributeurs.

ver le travail de Gédéon : la caisse se brisa, se répandit sur Maurice en une averse de planches suivie d’une avalanche de paille.

Et alors le marchand de cuirs put apprécier pleinement la difficulté de la tâche qu’il avait entreprise ; peu s’en fallut qu’il ne perdît courage. Il était seul ; il ne disposait que d’armes insignifiantes ; il n’avait aucune expérience de l’art du mineur ni de celui du casseur de pierres ; comment parviendrait-il à avoir raison d’un monstre colossal, tout en marbre, et assez solide pour s’être conservé intact depuis (peut-être) Phidias ? Mais la lutte était moins inégale qu’il ne l’imaginait dans sa modestie ; d’un côté, la force matérielle, oui, mais, de l’autre côté, la force morale, cette flamme héroïque qui assure la victoire.

— Je finirai bien par t’abattre tout de même, sale grosse bête ! cria Maurice, avec une passion pareille à celle qui devait animer jadis les vainqueurs de la Bastille. Je finirai par t’abattre, entends-tu, et pas plus tard que cette nuit ! Je ne veux pas de toi dans mon antichambre !

Le visage de l’Hercule, avec son indécente expression de jovialité, excitait tout particulièrement la rage de Maurice : et ce fut par l’attaque du visage qu’il ouvrit ses opérations. La hauteur du demi-dieu (car le socle lui-même était fort élevé)