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pourrez comprendre vous-même ce que tout cela veut dire, reprit-il. Mon frère tombe malade, il meurt, et est enterré, voilà ce qu’on raconte ; et cela paraît tout simple. Mais pourquoi le familier retourne-t-il sur ses pas ? Vous voyez vous-même, je pense, que ce point demande un éclaircissement.

– Je serai à votre service, Mylord, dans une demi-minute, dit Sir William en se levant. Mr. Mackellar, deux mots à part. – Et il m’entraîna hors du camp. Le gel grinçait sous nos pas, les arbres nous entouraient, chargés de givre, comme cette nuit de la Grande-Charmille. – Bien entendu, tout cela est de la folie pure, dit Sir William, dès que nous fûmes hors de portée d’être entendus.

– Oui, assurément, il est fou. La chose est, je crois, manifeste.

– Vais-je le faire saisir et lier ? demanda Sir William. Je m’en remets à votre avis. Si tout cela est pur délire, il faut certainement le faire.

Je regardai le sol devant moi, puis le camp, avec ses jeux clairs et les gens qui nous considéraient, et puis, autour de moi, les bois et les montagnes. Il y avait une seule direction dans laquelle je ne pouvais regarder, celle de Sir William.

– Sir William, dis-je enfin, je crois que Mylord n’est pas dans son état normal, et je le crois depuis longtemps. Mais il y a des degrés dans la folie ; et si oui ou non il doit être enfermé, Sir William, je n’en suis pas bon juge.

– Je le serai, dit Sir William. Je demande des faits. Y avait-il dans tout ce jargon un seul mot de vérité ou de raison ? Vous hésitez ? demanda-t-il. Dois-je comprendre que vous avez déjà enterré ce gentleman auparavant ?

– Pas enterré, dis-je, puis reprenant enfin courage : – Sir William, dis-je, si je ne vous raconte pas d’abord une longue histoire, qui compromettrait une noble famille (et pas du tout moi), il m’est impossible de rendre l’affaire compréhensible pour vous. Dites un mot, et je la raconte, à tort ou à droit. Mais en tout cas,