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sait et s’interrompait dans son récit. Interpellé de la sorte, néanmoins, Mylord parut se ressaisir.

– À Albany ? dit-il, d’une voix naturelle.

– Jusqu’aux environs, du moins, répondit Sir William. Vous ne seriez pas en sûreté avant.

– Je suis très peu désireux de m’en retourner, dit Mylord. Je n’ai pas peur… des Indiens, ajouta-t-il en tressaillant.

– Je voudrais pouvoir en dire autant, reprit Sir William avec un sourire ; et cependant, s’il y avait quelqu’un à même de le dire, ce serait bien moi. Mais vous devez considérer ma responsabilité, et aussi que ce voyage est à présent devenu des plus dangereux, et que votre affaire – si toutefois vous en aviez une – est arrivée à sa conclusion par la triste nouvelle de famille que vous avez reçue. Je n’ai donc plus guère le droit de vous laisser poursuivre, et je courrais le risque d’être blâmé s’il devait survenir quelque aventure regrettable.

Mylord se tourna vers Mountain.

– De quoi donc a-t-il fait semblant de mourir ? demanda-t-il.

– Je n’entends pas Votre Honneur, dit le trafiquant, d’un air très troublé en s’interrompant de soigner des engelures cruelles.

Pendant quelques minutes, Mylord sembla tout déconcerté ; et puis non sans irritation :

– Je vous demande de quoi il est mort. La question est claire, je pense.

– Oh, je ne sais pas, dit Mountain. Hastie même l’ignorait. Sa maladie a paru lui venir naturellement, et il a trépassé.

– Là ! vous voyez bien ! conclut Mylord, en se tournant vers Sir William.

– Votre Seigneurie est trop profonde pour moi, répliqua Sir William.

– Pourtant, dit Mylord, c’est une affaire de succession ; le titre de mon fils peut être révoqué en doute ; et si personne ne peut dire de quoi cet homme est mort, il y a là matière à provoquer de graves soupçons.