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XI

L’expédition dans le désert


Nous fîmes un heureux voyage en remontant cette belle rivière de l’Hudson, par un temps agréable, entre des hauteurs singulièrement embellies par les teintes de l’automne. Arrivés à Albany, nous descendîmes à l’auberge, et j’eus vite fait de percer à jour le dessein de mon maître, qui était de m’y garder prisonnier. Le travail qu’il inventa de me faire faire n’était pas tellement urgent que nous dussions l’exécuter loin des documents utiles, dans une chambre d’auberge, et non plus de telle importance qu’on m’obligeât de reproduire la même note à quatre ou cinq exemplaires. Je me soumis en apparence ; mais je pris de mon côté mes mesures particulières, et les nouvelles locales me furent communiquées chaque jour grâce à la bienveillance de notre hôte. C’est par ce canal que j’appris enfin une nouvelle que j’avais, pour ainsi dire, pressentie. Le capitaine Harris (me dit-on) avec « Mr. Mountain, le trafiquant », étaient partis pour remonter la rivière dans une barque. Je soutins mal le regard du patron de l’auberge, tant je soupçonnais que mon maître ne fût impliqué dans l’affaire. Cependant je me hasardai à dire que je connaissais un peu le capitaine, mais pas Mr. Mountain, et je demandai qui encore faisait partie de l’expédition. Mon informateur l’ignorait ; Mr. Mountain était descendu à terre pour quelques achats indispensables ; il avait parcouru la ville en achetant, buvant et jasant ; et il paraissait bien que l’expédition était organisée en vue de rechercher un