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résolus de mettre un terme à cette situation contre nature. Je parlai :

– Il serait bon, je pense, que je touche un mot à Mylady.

Au vrai, c’était à lui de le faire, mais je comptais – et ce ne fut pas en vain – sur son indifférence.

– Oui, dit-il, faites. Je vais presser le déjeuner ; il nous faut paraître à table, même Alexander ; et n’ayons pas l’air troublé.

Je courus à la chambre de Mylady, et sans cruels préliminaires, lui révélai ma nouvelle.

– Je suis résolue depuis longtemps, dit-elle. Nous ferons nos paquets en cachette, aujourd’hui, et partirons en cachette la nuit prochaine. Grâce au ciel, nous avons une autre demeure ! Le premier navire en partance nous emmènera à New York.

– Et qu’adviendra-t-il de lui ? demandai-je.

– Nous lui laisserons Durrisdeer, s’écria-t-elle. Et grand bien lui fasse !

– Que non pas, avec votre permission, dis-je. Il trouvera un chien à ses grègues pour le retenir. Il aura le lit, la table, et un cheval de selle, s’il se conduit bien ; mais les clefs, si vous le jugez bon, Mylady, resteront aux mains du nommé Mackellar. Il en aura soin, je vous le garantis.

– Mr. Mackellar, s’écria-t-elle, je vous remercie pour cette idée. Tout sera laissé entre vos mains. S’il nous faut partir pour un pays barbare, du moins je vous remets le soin de nous venger. Expédiez Macconochie à St-Bride afin qu’il dispose les chevaux en secret et ramène le notaire. Mylord lui laissera une procuration.

À cet instant Mylord entra, et nous lui exposâmes notre plan.

– Je ne veux pas entendre parler de cela, s’écria-t-il ; il se figurerait que j’ai peur de lui. Je resterai chez moi, si Dieu veut, jusqu’à ma mort. Il n’est personne capable de m’en déloger. Une fois pour toutes, j’y suis, j’y reste, en dépit de tous les diables de l’enfer.

Je ne saurais donner une idée de la véhémence avec