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Mylord fit un mouvement comme pour sortir des draps et se lever.

– Si tout cela est vrai, … dit-il. !

– Ai-je l’air de mentir ? interrompis-je, l’arrêtant de la main.

– Vous auriez dû me prévenir tout de suite.

– Ah ! Mylord, sans doute, je l’aurais dû, et vous pouvez bien honnir votre infidèle serviteur ! m’écriai-je.

– Je vais y mettre bon ordre, dit-il, et à l’instant même.

De nouveau, il alla pour se lever.

De nouveau, je l’arrêtai.

– Je n’ai pas fini, dis-je. Et plût à Dieu ! Tout ceci, mon cher et infortuné patron l’a enduré sans aide ni réconfort. Vos meilleures paroles, Mylord, ont été des paroles de reconnaissance. Mais il était votre fils, en outre ! Il n’avait pas d’autre père. Il était détesté dans tout le pays, Dieu sait avec quelle injustice. Il avait fait un mariage sans amour. Il se trouvait de toutes parts sans affection ni soutien, – le cher, généreux et noble cœur, seul avec son triste sort !

– Vos pleurs me font beaucoup d’honneur et beaucoup de honte, dit-il avec un trouble sénile. – Mais vous êtes un peu injuste. Henry m’a toujours été cher, très cher. James (je ne le nie pas, Mr. Mackellar), James m’est peut-être plus cher encore. Vous n’avez pas vu mon James sous un jour très favorable : ses malheurs l’ont aigri ; rappelez-vous combien ceux-ci furent grands et immérités. Malgré cela, aujourd’hui encore c’est lui qui a le caractère le plus affectueux. Mais il n’est pas question de lui. Tout ce que vous dites de Henry est parfaitement exact ; cela ne m’étonne pas, je connais toute sa magnanimité. Vous allez dire que je spécule sur celle-ci ? Peut-être. Il y a des qualités dangereuses, des qualités qui exposent à voir abuser d’elles. Mr. Mackellar, je veux m’acquitter avec lui ! je veux mettre ordre à tout cela. J’ai été faible, et, pis encore, aveugle.

– Je ne veux pas que vous vous blâmiez, Mylord,