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– Je veux du sang, j’aurai du sang pour cela, dit le Maître.

– Le vôtre, s’il plaît à Dieu, dit Mr. Henry.

Et il s’en alla décrocher à une panoplie du mur une paire de sabres nus. Puis il les présenta au Maître par les pointes.

– Mackellar, veillez à ce que le combat soit loyal. Je crois la chose indispensable.

– Vous n’avez pas besoin de m’insulter davantage, dit le Maître, qui prit l’un des sabres au hasard. Je vous ai haï depuis toujours.

– Mon père vient seulement de se mettre au lit, dit Mr. Henry. Il nous faut aller quelque part en dehors du château.

– La grande charmille conviendrait tout à fait, dit le Maître.

– Messieurs, dis-je, honte sur vous deux ! Allez-vous, fils de la même mère, détruire la vie qu’elle vous a donnée ?

– Si fait, Mackellar, dit Mr. Henry, avec la même tranquillité d’allures qu’il n’avait cessé de manifester.

– C’est ce que je saurai empêcher, dis-je.

Il y a ici une tache sur ma vie. À ces mots que je venais de prononcer, le Maître dirigea sa lame contre ma poitrine. Je vis la lueur courir le long de l’acier ; et je levai les bras au ciel en tombant à genoux devant lui.

– Non ! non ! m’écriai-je, comme un enfant.

– Il ne nous gênera plus, dit le Maître. C’est une bonne chose que d’avoir un lâche à son service.

– Il nous faut de la lumière, dit Mr. Henry, comme s’il ne s’était rien passé.

– Ce trembleur portera une couple de bougies, dit le Maître.

Soit dit à ma honte, j’étais encore tellement aveuglé par l’éclat de ce sabre nu que j’offris d’aller chercher une lanterne.

– Nous n’avons pas besoin de l-l-lanterne, dit le Maître, en me contrefaisant. Il n’y a pas un souffle d’air. Allons, debout, prenez une couple de bougies et