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Il n’avait aucune arrière-pensée de littérature.

L’art de Raphaël recevait ses suffrages volages, et avec l’aide d’une plume, d’encre et une boîte de couleurs à l’eau, d’un shilling, il eut bientôt fait d’une des pièces une galerie de peinture.

Mon devoir le plus immédiat envers la galerie fut d’être un visiteur curieux ; et quelquefois, pour me délasser, je rejoignais l’artiste (si on peut le qualifier ainsi) à son chevalet et passais l’après-midi avec lui, dans une généreuse émulation, à colorier des dessins.

Dans une de ces occasions, je fis la carte d’une île. C’était travaillé et, je crois, bellement colorié.

La forme en captiva mon admiration au-delà de toute expression.

Elle contenait des baies qui me plaisaient comme des sonnets ; et, avec l’inconscience de ma destinée, j’étiquetai mon œuvre L’Île au Trésor.

On m’a dit qu’il y a des personnes qui ne se soucient pas des cartes : je trouve difficile de le comprendre.

Les noms, les formes des terrains boisés, le cours des routes et des rivières, les premiers pas préhistoriques de l’homme qu’on peut encore distinguer en haut sur la colline et en bas dans la vallée, les lacs et les gués, peut-être la pierre levée ou le cercle druidique dans la bruyère, il y a là un inépuisable fonds d’intérêt pour quelqu’un qui a des yeux pour voir ou la valeur de deux pence d’imagination pour comprendre.

Pas d’enfant qui ne doive se le rappeler, en posant sa tête dans l’herbe, en regardant la forêt sans fin, et la voyant grouiller, toute peuplée de ses armées de fées.

Un peu de cette façon, comme je contemplais ma