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Rames sur rames se sont succédé dans l’impression de Rathillet, La Révolte de Pentland, Le Pardon du Roi (ou Park Whitehead), Edward Daven, Une danse de Village, et Une vendetta dans l’Ouest, et c’est une consolation pour moi de me rappeler que ces rames, maintenant des cendres, sont revenues au sol.

Je n’ai nommé que quelques-uns de mes essais malheureux, ceux seulement qui arrivèrent à un renom passable avant qu’ils fussent oubliés ; et même ainsi, ils couvrent une longue série d’années.

Rathillet fut lancé avant ma quinzième année. Une vendetta quand j’en avais vingt-neuf, et ce fut une succession de défaites qui durèrent sans relâche, jusqu’à ce que j’en eus trente et un.

À ce moment, j’avais écrit de petits livres, de petits essais et de courtes histoires ; j’avais recueilli des coups et j’avais été payé pour mes travaux, bien que pas assez pour pouvoir vivre de ma plume.

J’avais presque une réputation, j’étais un homme à succès ; j’avais passé mes jours à m’échiner, et la futilité de mon effort faisait quelquefois brûler de honte mes joues.

Je dépensais l’énergie d’un homme à cette besogne ; encore ne pouvais-je gagner ma subsistance et brillait-il devant moi un idéal non atteint.

Bien que je m’y fusse essayé avec vigueur au moins dix ou douze fois, je n’avais pas encore écrit un roman.

Mes précieux ouvrages avaient tous marché un peu, puis s’étaient inexorablement arrêtés comme la montre d’un écolier.