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La carte était la principale partie de mon sujet. Par exemple, j’avais appelé un îlot « l’île au squelette », ne sachant pas ce que je voulais dire, recherchant seulement le pittoresque immédiat, et c’est pour justifier ce nom que je fracturai la galerie de M. Poe et volai la Pointe de garcette Flint.

Et, de la même manière, c’était uniquement parce que j’avais dessiné deux baies que l’Hispaniola fut envoyée dans ses randonnées avec Israël Hands.

Le temps vint où il fut décidé de rééditer, et j’envoyai mon manuscrit avec la carte à M. M. Cassell.

Les épreuves vinrent, elles étaient corrigées, mais je ne sus rien de la carte.

J’écrivis et demandai ; je dis que je ne l’avais jamais reçue, et restai consterné.

C’est une chose de dessiner une carte au hasard ; de poser une échelle dans une de ses cornes à l’aventure et d’écrire une histoire sur les choses ainsi préétablies.

C’en est tout à fait une autre d’avoir à examiner un livre entier, de faire un inventaire de toutes les allusions qu’il contient et, avec un compas, de dessiner avec beaucoup de peine une carte pour se conformer aux données.

Je le fis ; et la carte fut une seconde fois dessinée dans le bureau de mon père, avec embellissements de baleines soufflant et de vaisseaux voguant, et mon père lui-même apporta le concours de la dextérité qu’il avait obtenue dans des contrées variées et contrefit avec soin la signature du capitaine Flint et les indications nautiques de Billy Bones.

Mais, d’une façon ou d’une autre, ce ne fut jamais mon Île au Trésor.