Page:Stevenson - L’Île au trésor (extrait Préface, Mon premier livre), 1994.djvu/14

Cette page n’a pas encore été corrigée

ignoble mélange sans gravures et n’attira pas la moindre attention.

Je m’en souciai peu.

J’aimais le récit que j’avais écrit beaucoup pour la raison qui l’avait fait aimer à mon père dès le commencement.

C’était mon goût du pittoresque qui l’emportait.

Je n’étais pas peu orgueilleux de John Silver, aussi ; et, à ce moment, j’admirais plutôt ce mielleux et formidable aventurier.

Ce qui était infiniment plus réjouissant, j’avais franchi une barrière, j’avais fini un roman et écrit le mot « Fin » sur mon manuscrit, comme je ne l’avais pas fait depuis La Révolte de Pentland, alors que j’étais un jeune garçon de seize ans, pas encore entré au collège.

En vérité, il en était ainsi par un assemblage d’heureux accidents. Si le Dr Japp n’était pas venu nous visiter ; si le récit n’avait pas jailli en moi avec une singulière facilité, il aurait été laissé de côté comme ses prédécesseurs et aurait trouvé sans détours et sans regrets le chemin du feu. Les puristes pourront suggérer qu’il en aurait été mieux ainsi.

Je ne suis pas de cet avis.

Le roman semble avoir procuré beaucoup de plaisir et il a fourni (ou était un moyen de fournir) du feu, des aliments et du vin à une famille méritante à laquelle je prenais intérêt.

Je n’ai pas besoin de dire que je parle de la mienne.

Mais les aventures de L’Île au Trésor ne sont pas encore tout à fait finies.

Je l’avais écrit sur la carte.