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Je n’avais jamais gagné deux cents livres par an.

Mon père avait tout à fait récemment vendu et publié un livre qui fut un échec. Serait-ce pour moi un autre et dernier fiasco ?

J’étais par suite très près du désespoir ; mais je fermai avec force ma bouche et, durant un voyage à Davos, où je passai l’hiver, je résolus de penser à d’autres choses et de m’enterrer dans les romans de M. du Boisgobey.

Arrivé à destination, je m’assis un matin avec abattement devant mon récit inachevé ; et voilà, il jaillit de moi comme une facile conversation ; et dans une seconde marée de joyeux épanchement, et toujours au taux d’un chapitre par jour, je finis L’Île au Trésor.

Il fallait en faire une copie fidèle.

Ma femme était malade ; l’écolier restait seul des croyants ; John Addington Symonds (à qui, timidement, j’insinuai que j’avais pris des engagements) me regarda de travers.

À ce moment, il désirait très ardemment que j’écrivisse sur les caractères de Théophraste, tant vont loin au-delà du raisonnable les jugements des hommes les plus savants. Mais Symonds (à dire vrai) était peu porté à être pris de sympathie pour une histoire de gosses.

Il avait un esprit large.

C’était « un homme complet » s’il en est un ; mais le vrai nom de mon entreprise ne lui suggérait que l’idée de capitulations de conscience et de solécismes de style.

Hélas ! il n’était pas loin de la vérité !

L’Île au Trésor – ce fut M. Henderson qui effaça le premier titre, Le Cuisinier du bord – parut comme il convenait, dans le journal Pour les Enfants, dans un