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depuis lors le mien), M. Henderson. Celui-ci l’accepta pour son périodique Pour les Jeunes.

Il y avait donc tout pour m’encourager : sympathie, aide, et maintenant un engagement positif.

En outre, j’avais choisi le style le plus facile.

Comparez-le avec les Hommes Joyeux, presque contemporains.

Un lecteur pourra préférer le style de celui-ci, un autre de celui-là – c’est une affaire de goût, peut-être de prédispositions – mais nul connaisseur ne peut manquer de voir que l’un est beaucoup plus difficultueux et l’autre beaucoup plus difficile à soutenir.

Il semble qu’un homme de lettres expérimenté puisse s’engager à rédiger L’Île au Trésor à raison de beaucoup de pages par jour et en gardant sa pipe allumée.

Mais, hélas ! tel n’était pas mon cas.

Quinze jours je bûchai et écrivis quinze chapitres ; et alors, dans les premiers paragraphes du seizième, je perdis ignominieusement le fil.

Ma bouche était vide. Il n’y avait pas un mot de L’Île au Trésor dans ma poitrine, et les épreuves du début m’attendaient à « la Main et la Lance » !

Puis, je les corrigeai, vivant la plupart du temps seul, déambulant sur la bruyère, à Weybridge, les matins humides d’automne, très satisfait de ce que j’avais fait et plus inquiet que je ne peux vous dire de ce qui me restait à faire.

J’avais trente et un ans.

J’étais le chef de la famille.

J’avais perdu ma santé.

Je n’avais pas encore achevé mes études.